La Réflexion du Vendredi

Nos savants sont-ils capables de combler le vide intellectuel?

Louanges à Allah (swt) et Salutations au Prophète Muhammad (saw)

O vous qui croyez! Qu’avez-vous? Lorsqu’on vous a dit: « Elancez-vous dans le sentier d’Allah »; vous vous êtes appesantis sur la terre. La vie présente vous agrée-t-il plus que l’au-delà ? Or la jouissance de la vie présente ne sera que peu de chose, comparée à l’au-delà. Surah At Tawbah (9) verset 38

L’Union internationale des savants musulmans dont la récente fatwa concernant l’obligation de s’engager dans le jihad pour défendre les Musulmans en Palestine, saura-t-elle combler le vide intellectuel qui gangrène l’Ummah? Sauta-t-elle agir en tant que catalyseur pour combler le vide de leadership qui expose la faiblesse de l’Ummah face aux attaques des sionistes et leurs complices islamophobes? Dans son opinion juridique, l’Union avait affirmé que tous les pays Musulmans ont le devoir légal d’intervenir, immédiatement,  militairement, économiquement et politiquement pour stopper le génocide et imposer le blocus sur Israël, fatwa qui contraste avec la position des  savants cireurs de chaussures en Arabie Saoudite, aux Emirats comme en Egypte. 

Au-delà de la divergence d’opinion, cette question mérite que l’on s’y attarde, vue l’incapacité apparente de l’Ummah de mettre un terme au génocide et à l’élimination, par la privation de nourriture, de nos frères et sœurs, à Gaza.

Ceci n’est pas un énième réquisitoire contre les savants, ceux-ci étant reconnus comme les héritiers du Prophète Muhammad (saw). Force est de constater, cependant, que nombre d’entre eux  ont fait de la tradition une aberration, trahissant l’Islam, en accordant une couverture aveugle, une couverture théologique aux tyrans. Il s’agit d’une théologie de l’impotence et de la disgrâce, selon une théologienne Palestino-américaine, qui a étudié l’Islam au Maroc, au Sénégal, en Jordanie et en Egypte, aussi détentrice d’un PhD de Harvard.   

Comment peut-on imposer à l’Ummah une version sédative de l’Islam, dénuée de son message éthique et demander aux Palestiniens de souffrir en silence ? Comment peut-on trouver des excuses devant cette rivière de sang qui coule à Gaza, ces cris de désespoir de femmes et d’enfants qui tombent littéralement raides morts dans les rues pendant que les fatwas, les forums et conseils interreligieux apposent leur sceau théologique et politique à ces atrocités et recommandent de souffrir en silence. 

S’asseoir en silence face  à l’oppression est une trahison de l’Islam. 

Les savants ont-ils trahi la confiance de l’Ummah? Le Prophète Muhammad (saw) répond mieux à cette question. Voulez-vous que je vous dise ce que je crains le plus pour vous, plus que l’antéchrist et le dajjal, Muhammad (saw) avait-il demandé à ses compagnons. Il avait affirmé, à trois reprises, les savants qui vous induisent en erreur. Ces savants peuvent inclure les dirigeants et les chefs d’Etats, eux qui détiennent le pouvoir. Pas besoin d’être un génie pour voir que l’Ummah souffre d’un manque de leadership politique, d’un manque de leadership intellectuel dans cette phase catastrophique de l’humanité et de l’Ummah.     

Avons-nous délaissé le Qur’an, car Allah (swt) nous interpelle,  à plusieurs reprises: Qu’avez-vous? Qu’avez-vous à refuser de vous entraider?  

Ibrahim (as) s’adressait aux idoles, Sommes-nous devenus similaires à celles-ci, en devenant sourds et muets? Nous sommes incapables de nous unir et de prendre une position unifiée contre l’injustice. 

O vous qui croyez! Qu’avez-vous? Lorsqu’on vous a dit: « Elancez-vous dans le sentier d’Allah »; vous vous êtes appesantis sur la terre. La vie présente vous agrée-t-il plus que l’au-delà ? Or la jouissance de la vie présente ne sera que peu de chose, comparée à l’au-delà. Surah At Tawbah (9) verset 38

Pourquoi nos pas sont-ils devenus lourds et nous sommes devenus des paresseux et des couards quand Allah (swt) nous appelle à lutter pour Sa Cause ? 

Allah (swt) mentionne Moosa (as) environ 136 fois. La raison principale est que nous nous y regardions comme dans un miroir. Pour que nous réfléchissions sur le sort de ceux qui avaient délaissé la révélation. Nous nous sommes contentés de l’Islam comme un baume, satisfaits d’avoir adopté certaines pratiques et nous estimer de bons Musulmans.

Or, l’Islam est venu comme une force révolutionnaire. Le Prophète (saw) lui-même dut faire face aux persécutions. Il avait pour mission de libérer les gens de l’esclavage aux humains. Le tyran ne se sent pas rassuré en présence d’un vrai Musulman. Malheureusement, nous sommes arrivés au point où nos savants ont cédé leur autorité au puissant, à la tyrannie. Ils ont trahi l’Ummah puisqu’incapables de dénoncer la souffrance, les camps de concentration, l’holocauste qui perdure, incapables de prendre position en faveur des prisonniers de conscience et des prisonniers politiques du monde Musulman. Ils veulent que nous nous focalisions sur les questions théologiques, sur la façon de prier et des fatwas qui nous bercent vers un Islam quiétiste. Il s’agit d’une approche séculaire de l’Islam dont affectionnent les pouvoirs politiques en produisant un Islam sédatif. Le néo-paganisme et le néo-jahiliyah se sont installés parmi nous.   

Pour revenir  à la force révolutionnaire dont le marxisme ne détient pas le monopole, tous les prophètes furent mis à l’épreuve face à un ennemi. Ils furent tous testés par l’injustice. Ibrahim (as) était un pourfendeur de l’idolâtrie. Moosa (as) eut à confronter la tyrannie de Pharaon, celle qui ressemble à ce que fait Israël en ce moment, tuant des enfants, éparpillant du sang et s’estimant meilleur que les autres. Le Prophète Muhammad (saw) eut à faire face à ses proches et sa tribu, les Quraysh.  

Il est dommage que les savants s’engouffrent dans des salles de conférences pendant qu’un génocide se déroule à Gaza et n’en font aucune mention. Gaza est absente de leurs esprits pendant qu’ils glosent sur une version vide de la spiritualité. Ils nous servent un Islam sous forme de dopamine ou de crack spirituel, nous stimulant de façon éphémère. 

Il convient ici de rappeler le verset 24 du surah At  Tawbah,

Dis : ‘Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos épouses, vos clans, les biens que vous gagnez, le négoce dont vous craignez le déclin et les demeures qui vous sont agréables, vous sont plus chers qu’Allah, Son Messager et la lutte dans le  sentier d’Allah, alors attendez qu’Allah fasse venir Son ordre. Et Allah ne guide pas les rebelles.’  Surah At Tawbah (9) verset 24

Ce verset illustre ce que les commentateurs décrivent comme le piège du huit contre trois. Il s’agit de l’hésitation à sacrifier les huit faveurs au service des trois, soit Allah (swt), Son Messager (saw) et le jihad. Il est dommage que personne ne veuille relever leur main des privilèges, nous ne voulons rien sacrifier. Ce qui a amené le Sheikh Ali Hammuda d’affirmer: si un savant s’est abstenu de parler de Gaza, souvenez-vous de ne jamais apprendre l’Islam de lui. 

Muhammad (saw) a affirmé:

« Les croyants en leur bonté mutuelle, la compassion et la sympathie, sont comme un seul corps. Quand l'un des membres souffre, tout le corps y répond avec éveil et fièvre ». (Bukhari et Muslim). 

Dans le cas présent, pour citer la Dr Al Sharif, ce n’est pas un membre qui souffre, mais tout le corps en feu. Il ne nous faut pas nous comporter comme le violoniste du Titanic, prétendre que tout va bien. 

La question qui devait susciter toute notre attention en ce moment est celle-ci : comment combler le vacuum de leadership dans lequel nous nous trouvons. Sommes-nous prêts à assumer notre rôle de leader du monde ?  

Qu’Allah nous guide et nous aide. Qu’Allah (swt) nous protège du piège du kufr.