La Réflexion du Vendredi

L’exploitation sexuelle, signe d’une société malade

Louanges à Allah (swt) et Salutations au Prophète Muhammad (saw)

Nous avons certes créé l’homme pour une vie de lutte.  Surah Al Balad (90) verset 4

Or, il ne s’engage pas dans la voie difficile! Et qui te dira ce qu’est la voie difficile? C’est délier un joug (affranchir un esclave).  Surah Al Balad (90) verset 11 - 13 

La tenue récente d’un atelier de travail sur le trafic humain, à l’initiative du Directeur des poursuites publiques et son aveu de faiblesse pour sévir contre les marchands d’esclaves, ainsi que l’insuffisance avouée des lois contre ceux qui exploitent les femmes à des fins sexuelles, comme les cas de trafic de femmes malgaches, révélée souvent dans les médias, nous incite à réfléchir sur l’ampleur que prend l’exploitation de femmes à des fins illicites. Il faut être aveugle pour prétendre que la prostitution ne concerne pas les Musulmans.

Il est du devoir du Musulman d’inviter vers le bien et d’interdire le mal. 

Il convient aussi de dénoncer l’hypocrisie de la société qui, tout en décriant l’exploitation ou prétendant défendre les droits des femmes, permet la formation d’associations prétendant défendre les intérêts des victimes de la prostitution. 

Il est reconnu que le trafic humain est le  secteur criminel qui évolue le plus rapidement à travers les frontières de nombreux pays. Plus de 27,6 millions de gens au monde n’ont plus l’autonomie pour déterminer leurs conditions de vie et de travail. Des milliers de femmes africaines sont importées aux Emirats Arabes Unis pour satisfaire les désirs des soldats israéliens, avec la promesse d’emploi comme serveuses ou vendeuses. Le trafic humain s’est développé en une industrie criminelle lucrative. 

La traite des êtres humains consiste à recruter des personnes, à les déplacer, à les entremettre par le biais d’intermédiaires, à les héberger ou les accueillir en vue de leur exploitation par des moyens illicites comme la tromperie, les menaces ou d’autres formes de contraintes comme l’enlèvement, la fraude, l’abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantage pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre.

L’Islam condamne sévèrement l’exploitation des plus vulnérables, la base même du trafic humain.

Certes Allah commande la justice et la bonté et l’assistance aux proches. Et Il interdit les mauvaises actions et l’oppression (sous toutes ses formes). Il vous exhorte afin que vous vous souveniez.  Surah An Nahl (16) verset 90

Alors que le terme trafic humain n'apparaît pas explicitement dans les textes islamiques, l’interdiction de ce crime est évidente par la condamnation de diverses formes d’exploitation.    

A la base de l’offense criminelle associée au trafic humain  se trouve le concept de l’exploitation, qui est elle-même la base du système capitaliste. Celle-ci se rapporte à l’utilisation coercitive, abusive et contre l’éthique  d’individus pour des actions illicites, telles que le travail forcé, l’exploitation sexuelle ou la servitude imposée. 

La prostitution est une forme d’exploitation sexuelle et est strictement interdite dans l’islam et considérée comme un péché majeur, comme l’adultère. Le Prophète Muhammad (saw) a également interdit tout gain financier provenant de la prostitution en raison de son caractère illégal, avec une condamnation plus stricte lorsque des individus sont contraints ou leurrés dans de telles activités. 

Plusieurs révélations coraniques abordent cette question, notamment le verset suivant :

Ne vous approchez pas de l’adultère ; car c’est, indéniablement, une offense morale, ouvrant la voie à l’un ou l’autre mal.  Surah Al Isra (17) verset 32

Aucun être humain, le Musulman en  particulier, ne peut être indifférent à cette situation, car il y a va de son rôle de témoin pour l’humanité, et de son engagement de dénoncer l’oppression et l’exploitation, en prenant la défense des opprimés. 

Et ne forcez pas vos jeunes filles (servantes) à se prostituer lorsqu’elles désirent la chasteté, afin de tirer profit des biens de cette vie.  Surah An Noor (24) verset 33

Ce verset énonce explicitement qu’il est interdit de tirer profit de l’exploitation sexuelle des femmes en état d’esclavage, selon certaines traductions, ou libres, selon d’autres. 

Cependant, l’avertissement divin contre l’exploitation des individus libres est encore plus strict.

Ce principe est établi dans les principes jurisprudentiels de la loi islamique, selon lequel « une personne libre n’est sous l’autorité de personne ». Par conséquent, tromper une personne en l’incitant à se livrer à l’exploitation sexuelle et à en tirer un avantage monétaire est clairement condamné par l’Islam.

Néanmoins, l’Islam introduit des exceptions pour les individus engagés dans la prostitution sous la contrainte, les absolvant de toute punition. Lorsque l’élément de force est impliqué, l’Islam ne tient pas la prostituée pénalement responsable. 

… mais si quelqu’un les contraint, après une telle contrainte, Allah est Pardonneur et Miséricordieux (envers elles). Surah An Noor (24) verset 32

Le verset ci-dessus offre une protection aux individus vulnérables, en particulier aux femmes marginalisées dans la société.

En outre, il interdit strictement l’exploitation des femmes à des fins matérielles, le verset coranique révélé visant à abolir les pratiques courantes de traite des femmes à des fins d’exploitation sexuelle dans la société arabe à l’époque.

Aujourd’hui, la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle relève de la catégorie plus large d’exploitation selon le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes de 2000. La prostitution forcée est une forme courante d’exploitation sexuelle subie par les victimes de la traite, en particulier les femmes et les filles. Souvent, elles sont trompées par de fausses promesses d’emplois comme serveuses ou vendeuses, pour être ensuite contraintes à la prostitution ou soumises à d’autres types d’exploitation sexuelle.

L’Islam préconise la libération de la dignité humaine. La condamnation de toutes les formes d’exploitation  est fondée sur le principe fondamental du tawheed (monothéisme). Cette doctrine encourage la libération des humains de toutes les formes d’esclavage vers l’esclavage et la soumission à Allah (swt) exclusivement. 

Le principe de tawheed libère les humains de considérations de statuts sociaux ou de races et exige que chaque personne soit traitée sur une base égale, sans discrimination. Selon ce principe, les êtres humains sont égaux aux yeux d’Allah (swt). Ainsi toute forme de discrimination ou d’exploitation de l’humanité est contraire aux enseignements islamiques.

D’un autre point de vue, force est de constater que la société musulmane a tendance à considérer tabou ce sujet, pire, à rejeter les victimes de telles exploitations. Il est temps que les associations islamiques réfléchissent  sur ce problème de société. 

Les principes de justice et de soutien aux vulnérables de la société  sont inscrits dans le Qur’an.

L’éradication du trafic humain, dont l’exploitation, dans toutes ses formes, à des fins lucratifs,  n’est pas seulement un devoir religieux, mais une responsabilité  qui exige l’engagement de tout un chacun et la persévérance des individus, des communautés, des décideurs politiques et des organisations internationales pour agir les uns à côté des autres, et ainsi sauvegarder la dignité et les droits de chaque individu, en ligne avec les principes islamiques ainsi que les valeurs humaines universelles.

Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes, car vous ordonnez le Ma’rouf (le bien), interdisez le Mounkar (le mal) et croyez en Allah.  Surah A li Imraan (3) : verset 110

Qu’Allah (swt) nous guide et nous aide.