La Réflexion du Vendredi

Musulman séculaire ou Musulman simplement

Louanges à Allah (swt) et Salutations au Prophète Muhammad (saw).

Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre deen, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme deen pour vous.  Surah Al Maidah (5) verset 3

O vous qui croyez ! Entrez parfaitement dans l’Islam, et ne suivez point les pas de Shaitan, car il est certes pour vous un ennemi déclaré.  Surah Baqara (2) verset 208.

L’affirmation de Zohran Mamdani, prochain maire de New York, à l’effet qu’il est Musulman et social-démocrate devait nous inviter à réfléchir sur le sens de l’Islam en tant que deen (idéologie), avec un accent particulier sur le concept large du sécularisme.

Il faut savoir que le sécularisme, aussi appelé laïcité chez nous, fut un arrangement autour des relations de la religion avec l'État, un arrangement sur comment la religion devait opérer au sein de la société. 

Pour faire plus simple, le sécularisme est la séparation de la religion des affaires courantes, la séparation de la religion de la politique et assurer que celle-ci ait un rôle limité dans un petit sous-ensemble de la société. Ainsi la religion n’aurait rien à dire dans le débat public. 

C’est sur ces fondations séculaires qu’est construit le libéralisme, qui ne permet à la religion qu’une expression minimale. 

Dans la pratique, que vous soyez musulmans, chrétiens ou juif, quelle que soit la religion que vous professez, votre religion aura une place mineure dans le cadre d’un rôle mineur au sein de la société ou dans les affaires internationales. La mentalité séculaire ainsi inculquée vous permet d’avoir votre système de valeurs, d’adoration et de rituels, et cela n’est nullement contesté par l’Etat.

Par conséquent, la société ne reconnaît pas une seule vérité, car la vérité est variable selon l’intérêt de chacun. Dans la société séculaire, il existe un sous-ensemble qui appartient à Allah (swt), alors que la plus grande partie, la partie civique, n’appartient pas à Allah (swt).  

Or Allah (swt) affirme clairement : 

Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre deen (idéologie), et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme deen pour vous.  Surah Al Maidah (5) verset 3

Cette position des libéraux est donc en conflit avec les croyances du Musulman. Quand nous étudions le Seerah, nous voyons que cette idée de séparer la religion ou considérer la religion comme un sous-ensemble n’existe pas dans le cadre islamique. Ce n’est que vers le 20e siècle que les gens arguaient que possiblement l’Islam et le sécularisme n’étaient pas incompatibles, d’où la notion du musulman séculaire, basée sur le kufr. Au cours de l’histoire Islamique, cette notion a l’effet que l’Islam n’avait pas de position sur tel ou tel sujet ou sur tous les sujets n’existait jamais. 

En tant que deen complet, l’Islam a certes une position  sur toutes les questions, car Allah (swt) a fait descendre la révélation comme un guide pour l’humanité.

C’est Lui qui a envoyé Son Messager avec la bonne direction et le deen de la vérité, afin qu’elle triomphe sur toute religion, quelque répulsion qu’en aient les mushrikoun (idolâtres) Surah At Tawbah (9) verset 33

C’est ainsi qu’Allah (swt) a une position sur les affaires économiques, sur la politique étrangère, sur la politique…tout comme Allah (swt)  a une position sur la manière dont vous jeûnez, dont vous priez etc. Les premiers Musulmans ne faisaient  aucune distinction entre l’espace religieux et l’espace civique. Ils reconnaissaient que tout problème avait sa solution dans la Shar’iah.   

Au fil des siècles, avec la création d’Etats-nations, fondés sur les concepts kufr du nationalisme et du sécularisme, fut créé, au sein des gouvernements des pays musulmans, un ministère des Affaires religieuses ou des awqaf, donnant le signal de la séparation de la religion des affaires de l’Etat. Comme si l’Islam n’avait plus son mot à dire sur l’économie, l’éducation, ou la gestion de la société. Dans le même sillage, le sécularisme fut injecté dans la mentalité musulmane, reléguant au second plan l’Islam, en tant que mode de vie.     

Il n’appartient pas à un croyant ni à une croyante, une fois que Dieu et Son Prophète en ont jugé, de conserver le choix sur une affaire.  Surah Al Ahzab (33), verset 36

Au fils des ans, avec la contamination du système d’éducation par les colonisateurs-usurpateurs, et l’ingérence de ceux-ci dans notre mode de vie, aussi bien que l’infiltration du vocabulaire coloniale dans nos textes, l’Ummah prenait la voie du sécularisme, limitant l’Islam au domaine du privé. 

L’absence de positon des savants pendant qu’un génocide se perpétrait à Gaza, ou, pire, la condamnation par ceux-ci des mujahid, a révélé qu’a prise la séparation de l’Islam des affaires de l’Ummah.  

C’est ainsi que, graduellement, nous avons fait de nos masajid des cavernes, où ne peuvent être discutées que les affaires religieuses. Nos prêcheurs, exception faite de quelques esprits indépendants, ont démissionné de leur responsabilité de prendre position contre l’enfer de la drogue, contre l’immoralité, contre les fléaux qui menacent la société. Avons entendu un seul khutbah invitant les Musulmans à réfléchir ? Avons-nous entendu un seul khutbah qui motive les Musulmans à développer la pensée critique, à élever le niveau de réflexion au sein de l’Ummah ? Avons-nous entendu un seul khutbah qui nous incite à une prise de position, qui nous sensibilise à dénoncer, manifester, protester? 

C’est en délaissant une partie du Qur’an, préférant ce qui nous est facile, que nous avons poussé nos jeunes à un « islam » qui se situe en dehors du changement sociétal. Et, malheureusement, de nombreuses sociétés islamiques et les masajid promeuvent un musulman quiétiste.

Croyez-vous donc en une partie du Livre et rejetez-vous le reste?   Surah Al Baqara (2) verset 85

La plupart de nos mosquées sont devenues des cavernes, des lieux d’isolement plutôt que des centres d’engagement et nous en sommes tous responsables. Nous tombons dans la fausse croyance que les musulmans doivent rester loin de l’activisme, de l'engagement actif.  

Certes Allah a acheté aux croyants leurs propres personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d’Allah.  Surah at Tawbah (9) verset 111

Adoptant le sécularisme, de nombreux Musulmans se sont retrouvés à s’engager dans des actions incompatibles à l’Islam. Nous nous confondons dans nos loyautés faisant des politiques de nouveaux dieux. 

Conscients de la supériorité de l’Islam, les ennemis d’Allah ont infiltré dans notre deen, et cela avec la complicité des traitres parmi nous, des concepts kufr, étrangers à l’Islam, tels que la laïcité, la dissociation de la politique du spirituel, la démocratie ou le capitalisme. Ce fut le signal à la contamination de nos esprits, à la dilution du message coranique, de l’infection de l’Ummah.

Pire, le sécularisme nous  a amené à douter de la supériorité du deen, de la capacité de celle-ci, en tant qu’idéologie, à résoudre tous les problèmes.  

Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes, car vous ordonnez le Ma’rouf (le bien), interdisez le Mounkar (le mal) et croyez en Allah.  Surah  Ali Imraan (3) verset 110 

Le sujet n’est pas certes exhaustif. Mais dans un état qui se dit laïc, nous sommes-nous demandés pourquoi c’est l’Etat qui responsable de l’organisation d’un des piliers de l’Islam, le Hajj.

Qu’Allah (swt) nous guide et nous aide.