La Réflexion du Vendredi

La pauvreté est politique

Louanges à Allah (swt) et Salutations au Prophète Muhammad (saw).

Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de récoltes. Et fais la bonne annonce aux endurants.  Surah Baqara (2) verset 155 

A Gaza, les milliers de déplacés, errant sans destination précise, sans abri, les milliers d’enfants rendus orphelins ou sans famille, ou encore estropiés pour la vie, les milliers de femmes rendus veuves et sans ressources, devaient nous faire réfléchir sur le sens même de la pauvreté. Le génocide a accentué une situation qui était encore intenable avant 2023 avec plus de 56% de pauvres. 

Ajoutons à ceux-là, les milliers de jeunes Rohingyas, expulsés de leurs domiciles, les enfants et les ados sans accès à l’éducation, d’autres plus âgés sans avenir, sans accès à l’emploi, c’est l’autre persécution qui a entraîné la pauvreté et la souffrance.  

Souvenons-nous des milliers de victimes de la persécution au Cachemire, ou au Xinjiang, avec toujours la pauvreté abjecte comme élément commun. 

Par ailleurs, la pauvreté provoquée en Afrique par l’exploitation des ressources des pays du continent, dits pauvres, n’est-elle pas le résultat du néocolonialisme, français, britannique ou américain?

La pauvreté ne sévit pas qu’aux pays pauvres ou appauvris, mais aussi en Europe et en Amérique. Saviez-vous qu'une personne sur cinq au Royaume-Uni vit dans la pauvreté? Saviez-vous que des centaines de sans-abris et affamés pullulent les rues des banlieues américaines? Cette dure réalité confirme que la pauvreté n’est pas que sociétale, mais assurément politique.

Quand un ministre, à Maurice, ayant des assises gauchistes, affirme qu’il faut relever le seuil de pauvreté, doit-on en rire ou pleurer? Alors que le gouvernement dont il fait partie décide de relever l’âge de la retraite, entraînant, dans le sillage, la paupérisation d’une tranche importante de travailleurs manuels et de femmes.

Il ne faut pas être détenteur de diplômes en économie pour comprendre que la pauvreté est politique et exige une action audacieuse.

L'inégalité est un choix politique.

La pauvreté découle du système de gouvernance, de l’idéologie politique adoptée par ceux qui détiennent le pouvoir, qu’ils soient socio-démocrates, élus par suffrage universel, comme au Royaume Uni et au Sud Afrique, ou dictateurs et despotes, comme dans de nombreux pays arabes,  ou issus de coup d’états. Si les gens vivent dans la pauvreté, ce n'est pas parce que le pays manque de ressources ou de solutions, mais parce que les gouvernements et les entreprises privilégient les profits pour préserver leur richesse et leur contrôle. 

Selon un récent rapport des Nations Unies, plus d’un million de personnes ont basculé sous le seuil de pauvreté en un peu plus de dix ans.

L’autre question pertinente pour l’Ummah, c’est pourquoi les riches s'enrichissent-ils, même en période de crise mondiale ? Toutes les 30 heures, la pandémie a fait naître un nouveau milliardaire, tout en plongeant un million de personnes dans la pauvreté. A Maurice, des bijoutiers et des quincailleries se sont découverts soudain des vocations d’importateurs de médicaments et autres masques. Souvenons-nous de l’explosion, en un jour, du prix du Molnupiravir, passant de Rs 9 à Rs 79 le comprimé. 

La pandémie a considérablement creusé les inégalités à travers le monde au cours des trois dernières années. Selon l'indice Bloomberg des milliardaires, 131 milliardaires ont plus que doublé leur fortune nette pendant la pandémie. Les milliardaires ont vu leur fortune augmenter autant en 24 mois qu'en 23 ans, selon le rapport d'Oxfam « Profiter de la douleur » publié en mai dernier.  

Dans le même temps, près de 97 millions de personnes – plus que la population de n'importe quel pays européen – ont basculé dans l'extrême pauvreté rien qu'en 2020, gagnant moins de 1,90 dollar par jour (le seuil de pauvreté défini par la Banque mondiale). On estime que le taux de pauvreté mondial est passé de 7,8 % à 9,1 % fin 2021. 

Les inégalités de richesse donnent aux riches le pouvoir d'influencer les politiques en leur faveur, ce qui peut creuser davantage les inégalités de revenus. Cela peut prendre différentes formes selon les contextes démocratiques. Mais le résultat est le même. Mais, cette fois, c'est un cycle politique.

La pauvreté une épreuve

Envisager la pauvreté d'un point de vue islamique implique à la fois obligation religieuse et responsabilité sociale. L'accent est mis sur l'allègement de la pauvreté par des systèmes comme la zakat et la charité. La pauvreté est considérée comme une épreuve de foi sévère, susceptible de mener à l'incroyance si elle n'est pas gérée avec patience et confiance en Dieu.

Nul malheur n’atteint (l’homme) que par la permission d’Allah. Et quiconque croit en Allah, (Allah) guide son cœur. Allah est Omniscient.  Surah At Taghaboun (64) verset 111

L'Islam insiste sur le devoir sociétal d'éliminer la pauvreté en répondant aux besoins fondamentaux, en réduisant les inégalités de richesse et en favorisant une répartition équitable des ressources. 

La pauvreté est aussi considérée comme une épreuve sérieuse pour la foi d'une personne, et les difficultés financières peuvent affaiblir la confiance en Allah (swt) si elles ne sont pas affrontées avec patience. Et, ici, il nous faut saluer la résistance dont ont fait preuve nos frères et nos sœurs à Gaza depuis plus de 16 ans de blocus dans la prison à ciel ouvert qu’était devenue l’enclave. 

Nous avons certes créé l’homme pour une vie de lutte.  Surah al Balad (90) verset 4

Islam, la solution aux inégalités

L’Islam comprend un code de vie complet et un système social, économique, politique et religieux applicable. C'est un ensemble d'institutions, d'ordre social, de pratiques et de croyances.

Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre deen, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme deen pour vous.  Surah Al Maidah (5) verset 3

L’Islam, étant un deen complet, possède son propre système économique, éducatif, social ainsi que politique. Le système économique islamique est fondé sur le principe que tout ce qui est sur terre, sous la terre et sous les océans, appartient à Allah (swt). Ainsi, les ressources en or, en uranium, en pétrole, entre autres, appartiennent à Allah (swt) et doivent être gérées selon les directives d’Allah (swt), l’homme n’étant qu’un vice-gérant. 

Contrairement au système occidental, fondé sur la « liberté », l’Islam propose un système social basé sur la « fraternité ». Elle met l'accent sur la solidarité sociale sous la forme du concept de fraternité, où les actions individuelles peuvent avoir un effet collectif.

Certes, le deen auprès d’Allah c’est l’Islam.   Surah A’li Imran (3) verset 19

Soyons réalistes: il est impossible d’éradiquer la pauvreté. Allah (swt), Tout Puissant l’aurait fait en un instant.

Alors que, d’un côté, la pauvreté est une épreuve, de l’autre, la richesse est en est une autre. 

Vos richesses et vos enfants ne sont qu’une tentation, alors qu’auprès d’Allah est une énorme récompense.   Surah At Taghaboun (64) verset 15

Il est impératif, en ces jours sombres, à l’Ummah de revenir aux principes de l’idéologie islamique, un retour qui repose sur la pensée critique et qui rejette le suivisme aveugle.

Qu’Allah (swt) nous aide et nous guide.