La Réflexion du Vendredi

A nos Oulamas et dirigeants, sortez de votre torpeur

Louanges à Allah (swt) et Salutations au Prophète Muhammad (saw). 

Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes, car vous ordonnez le Ma’rouf (le bien), interdisez le Mounkar (le mal) et croyez en Allah.  Surah A li Imraan (3)  verset 110

Ainsi Nous avons fait de vous une Ummah équilibrée pour que vous soyez témoins pour l’humanité, et que le Messager (saw) soit témoin pour vous. Surah Al Baqarah (2) verset 143

Ce khutbah est inspiré de la Lettre ouverte adressée aux érudits du monde entier, par Asim Qureshi, Directeur de recherche au sein de Cage International. Il est urgent que l’Oummah interpelle nos Oulamas, les vrais, ceux qui sont les héritiers du Prophète Muhammad (saw).

Chers oulémas, pour la première fois dans l'histoire, nous assistons à un génocide retransmis en direct. Si nous ne voyons pas la violence immédiatement, nous en sommes témoins quelques secondes après la diffusion de la destruction.

Nos pensées devaient être obsédées par le corps démembré d'une jeune fille, projeté à travers un bâtiment, mais accroché à une barre métallique, la laissant suspendue sans vie, à la vue du monde entier.

Nous assistons à l'effondrement d'un ordre mondial fondé sur des règles, censé fonctionner pour le bien collectif, pour finalement se révéler inefficace face à la violence extrême d'une entité sioniste, petite mais bien protégée par les États-Unis et ses voisins arabes.

Dans un autre monde, des milliers de jeunes musulmans du monde entier auraient traversé l'Égypte ou la Jordanie pour se rendre en Palestine et combattre pour leurs frères et sœurs.

Cependant, dans ce monde, ces deux pays ont davantage contribué à emprisonner et à isoler les Palestiniens qu'à fournir des voies de ravitaillement au peuple palestinien pour se défendre, ou à permettre à d'autres de lui venir en aide.

L’Oummah estime révoltant que, pour justifier leur absence publique, des Oulémas, répondent que leur rôle est de lutter pour la justice, et le leur d'enseigner leur religion au peuple.

Ceci est inadmissible. Si nos érudits sont les héritiers des prophètes, pourquoi créent-ils ces espaces distincts ? Un décalage entre leur enseignement et les nécessités du monde réel ?

SI vous consultez le Qur’an et vous ne trouverez aucun exemple d'un prophète ayant déclaré qu'il resterait pour enseigner au peuple, alors que l'injustice sociale devait être corrigée par d'autres.

Mais soyons clairs, nous ne sommes des érudits dont le savoir est vénéré par des millions de musulmans à travers le monde. Les Musulmans se tournent vers leurs oulémas pour les guider, mais ce génocide a renforcé le sentiment que leur rôle est quelque peu défaillant, éloigné de la nécessité.

Nous devons donc nous demander où nous en sommes par rapport à l’arrêt des voies d’approvisionnement qui alimentent la machine de la violence sioniste ? Où en sont nos chercheurs pour stopper l’entité sioniste dans son ensemble, et non pas simplement espérer et prier pour un cessez-le-feu ?

À notre époque, nous parlons d’une entité politique qui a déplacé des Palestiniens, colonisé leurs terres en s’y installant illégalement et construit toute une infrastructure d’apartheid.

L’Oummah a besoin d'entendre quelque chose de différent, de voir un leadership et des conseils de la part de nos communautés qui ne ressemblent pas à une attitude passive qui a tant dicté notre réponse jusqu'à présent. 

Chers Oulamas, les versets ci-dessus, où Allah (saw) nous exhorte à inviter vers le bien et interdire le mal, ou encore à assumer notre rôle en tant que shuhada alan Naas, ne vous concerneraient-ils pas ? 

Permettez-nous de vous rappeler le verset 75 du Surah An Nisa:

Et qu’avez-vous  à ne pas combattre  dans la voie d’Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants qui disent : « Seigneur ! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont injustes, et assigne-nous de Ta part un allié, et assigne-nous de Ta part un secoureur. 

Chers Oulamas, notre Prophète Muhammad ﷺ nous a dit que vous êtes les héritiers et les successeurs de tous les prophètes.  Comment leur manteau retombe-t-il sur vos épaules en ce moment ?

Nous n’avons pas besoin d'expliquer en détail pourquoi la Oumma est tenue de ressentir la douleur du reste de la Oumma, ni pourquoi le caractère sacré de la vie musulmane vaut plus que la Ka'ba ou son environnement. Vous connaissez ces hadiths mieux que nous.

Une simple lecture des aspects économiques de l'aide humanitaire devrait vous faire comprendre que nous subventionnons constamment l'agression et l'oppression sionistes. Il s’agit de l'idée d'une relation abusive : une relation où nous avons constamment l'« occasion » de subventionner un génocide.

S'impliquer uniquement en encourageant publiquement les autres à faire des dons à la Palestine et à faire des du'ā est un choix facile. Appeler à cela seul est un choix qui découle de la peur. Une peur forgée par la guerre mondiale contre le terrorisme – et qui occupe le cœur de nombreux oulémas aujourd'hui.

L’Oummah craint que lorsqu'une telle peur s'installe dans le cœur des érudits, des dirigeants et des organisations, elle puisse produire une dissonance spirituelle: une dissonance dans laquelle les principes fondamentaux de l'aqīdah et du tawhīd peuvent être enseignés en classe, mais qui, en même temps, ne sont pas appliqués dans le monde réel.

Enseigner qu'il n'existe pas de puissance supérieure à celle d'Allah, puis craindre Sa création au point de l'inaction, est une dissonance qui exige un réalignement.

Il y a, bien sûr, des membres de notre communauté qui se rangent du côté de nos oppresseurs, que ce soit par des actes de complicité ou en s'engageant directement auprès des sionistes. 

Ce qui se passe en Palestine relève en grande partie de notre croyance en Allah et de notre compréhension de la manière dont le schéma éthique du Coran nous contraint à affronter ce monde tel qu'Allah (swt) l'a prévu pour nous. Le fait que nous vivions un génocide retransmis en direct constitue peut-être la principale épreuve de notre époque.

De plus, si nos érudits sont les successeurs des prophètes, quel est alors leur rôle dans tout cela ? Comment pouvons-nous manifester notre solidarité publique ?

Ne pas être en première ligne d'une action est une chose, en être totalement absent en est une autre. Ceci est un appel à nos érudits: se mobiliser pour ces prisonniers politiques, se mobiliser pour les Palestiniens et, en fin de compte, faire preuve de leadership en se mobilisant pour ce que les prophètes auraient fait en temps d'oppression. Ce sont eux qu'Allah a dotés de ce mandat – un mandat qui doit être exprimé publiquement, et pas seulement en privé.

Chers Oulamas, l’Oummah vous exhorte à assumer votre rôle d’héritiers du Prophète (saw). En sus des du’a pour la Palestine et la victoire de la résistance sur un régime colonial d'apartheid, vous avez, avant tout, l’autorité et le mandat d’émettre des fatwas justifiant aux armées musulmanes de sortir des casernes et de combattre aux côtés des Palestiniens. 

Vous pouvez participer au boycott de tout produit qui soutient ou approvisionne le régime sioniste.

Encourager leurs communautés à s'impliquer activement dans le boycott des produits sionistes. Refuser les plateformes avec tous ceux qui sont complices du génocide. Soutenir publiquement l'idée d'une action directe pour empêcher un génocide.

Manifester publiquement votre soutien aux prisonniers politiques détenus dans le monde entier pour leur rôle dans la fermeture des voies d'approvisionnement en armes de l'État sioniste.

Ces actions sont toutes légales: il suffit donc de placer sa confiance en Allah  (swt): ordonner le bien et interdire le mal vous rapprochera toujours de Lui (subḥānahu wa ta’āla).

Allah nous rappelle dans la sourate al-Asr que l'injonction à la vérité s'accompagne de l'injonction à la patience, car être véridique exige de la patience jusqu'à son terme.

Qu’Allah (swt) nous aide et nous guide.

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