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Hijrah: la décolonisation de la conscience musulmane

(Et rappelle-toi) le moment où les mécréants complotaient contre toi pour t'emprisonner ou t'assassiner ou te bannir. Ils complotèrent, mais Allah a fait échouer leur complot, et Allah est le meilleur des stratèges.  [Surah Al Anfal verset 30]

L’attitude condescendante du psychopathe du Bureau Ovale en face du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, insinuant que l’Afrique du Sud perpétuait un génocide contre les blancs de ce pays, ne devrait pas être prise  à la légère. En affirmant cette grossièreté, Trump trahissait sa mentalité de colon  voulant  à tout prix maintenir l’apartheid et la domination basée sur la race. Il n’est un secret pour personne que l’Amérique a apporté, depuis les 75 dernières années, un soutien inconditionnel au système d’apartheid pratiqué par l’état usurpateur sioniste contre les Palestiniens.  

C’est l’analyste politique, Sami Hamdi, qui l’explique clairement. L’apartheid n’a pas disparu. Comme celui maintenu en Palestine, il peut refaire surface dans d'autres pays du sud. 

Ce nouveau constat devrait nous inciter à mieux comprendre, en ce mois de Muharram,  les implications du Hijrah, un mouvement révolutionnaire, une émancipation, non seulement de l’individu, mais celle de la conscience. 

Le Hijrah  représente une étape définitive de la mission du Messager d’Allah ﷺ et de l’histoire de l’Islam. Il marque la séparation entre deux périodes: celle, mecquoise, où les musulmans étaient persécutés et torturés par les Quraysh; et celle, médinoise, où les Musulmans furent reconnus comme une entité à part entière, capable de fonder un Etat sur la base de la législation d’Allah.

Le Hijrah marquait l’abandon du kufr

L’émigration, pour les savants et les activistes, marquait l’abandon définitif du polythéisme pour l’adoption du Tawheed (l’unicité de Dieu), du kufr pour l’Islam, de l’immoralité pour la moralité, de la désobéissance pour l’obéissance et la soumission à la volonté d’Allah, et de l’ignorance pour la connaissance. 

Le Hijrah marquait aussi la démarcation entre la persécution et la liberté et l’autorité; entre un mouvement souterrain craignant même d’accomplir les prières ouvertement et un Etat islamique invincible. 

Il marquait aussi et surtout la reconnaissance, par les Arabes et les peuples voisins, de l’Islam comme une idéologie avec laquelle il fallait compter. 

De manière générale, « émigrer » veut dire quitter son pays pour en rejoindre un autre. Le Hijrah ne fut pas un phénomène nouveau, ni n’était-il limité qu’au Prophète Muhammad ﷺ. Ils sont nombreux les prophètes qui durent émigrer  pour faire prévaloir la parole d’Allah. L’idée de l’émigration n’était pas nouvelle, non plus, dans la vie des Musulmans vivant à Makkah car le Prophète ﷺ, leur avait déjà conseillé, au vu de l’ampleur que prenait la persécution,  d’émigrer vers l’Abyssinie (l’Ethiopie). 

L’émigration vers Madinah (Yathrib à l’époque) survint dans un contexte  où le Prophète ﷺ et les Musulmans ne purent plus supporter la persécution. Makkah devenait un lieu menaçant et défavorable à la da’wah du Prophète ﷺ surtout après  certains événements marquants dans la vie de celui-ci, à savoir: le boycott dont furent l’objet les Musulmans pendant trois ans, le décès de son principal « protecteur », son oncle Abou Talib, celui de sa fidèle épouse Khadija (ra), l’accueil hostile réservé au Prophète ﷺ à Ta’if et enfin la tentative d’assassinat contre le Prophète ﷺ. 

Il convient aux Musulmans de tirer des leçons de cet événement majeur dans la vie de celui qui était disposé à se sacrifier pour la cause d’Allah.

Muhammad (saw) un fin stratège

Il convient de relever le fin stratège que fut Muhammad ﷺ dans la préparation et la réalisation du voyage lui-même, la préparation des chameaux par Abu Bakr (ra), le recours au service d’un guide expérimenté, non-Musulman, le soutien des enfants d’Abu Bakr, Abdullah, Asma et Aïcha ainsi que celui d’un berger pour effacer les traces de ceux-ci aux alentours de la cave Thaur, et finalement le choix de l’itinéraire inexploré jusque-là.

Le Hijrah permit aux Musulmans de s’imposer comme un pouvoir politique, avec  la mise en application de la législation islamique, et à l’Islam de se faire accepter comme un mode de vie complet prescrit par le Créateur. Le Hijrah fut ainsi une émancipation politique, l’Islam pouvant désormais être vécu comme une idéologie, celle où le pouvoir appartient exclusivement au Créateur et où le Musulman assume son rôle de vice gérant. 

Le Hijrah vit aussi une transformation totale du rôle du Prophète Muhammad ﷺ. De l’enseignant et du prédicateur, il devint, après l’émigration, le chef d’Etat, le commandant des armées et le fondateur de l’empire la plus puissante qui menaçait l’existence même des puissances de l’époque.

Ceux qui ont cru, émigré et lutté de leurs biens et de leurs personnes dans le sentier d’Allah, aussi que ceux qui leur ont donné refuge et secours, ceux-là sont des alliés les uns des autres. » Surah Al Anfal (8) verset 72

Allah (swt) nous exhorte à comprendre le sacrifice qu’avaient subi ceux qui avaient émigré. Ce ne fut pas qu’un déplacement physique d’un lieu à un autre. Il s’agissait,  pour ceux qui avaient émigré, l’abandon des relations familiales, de la stabilité de leur commerce, de la stabilité de leur carrière, des aspirations mondaines. Ils émigraient après un nouvel espoir, celui d’une société différente de ce qu’ils avaient vécu à Makkah, celui d’une société où ils étaient confrontés à la domination constante et l’injustice.   

Le hijrah fut aussi une opportunité de construire une société plus équitable, plus juste, une société où le faible n’est pas exploité, débarrassée des aristocrates de Makkah et leur dominance. Ils n’étaient plus contraints d’accepter leurs anciens maîtres. L’aristocratie mecquoise n’avait plus contrôle sur leur destinée. Ce moment révolutionnaire vit ainsi l’émancipation de l’individu.

Emancipation de la conscience

Au-delà de cette émancipation de l’individu, il fut aussi question de l’émancipation de la conscience. Le Musulman choisissait de se soumettre à Allah (swt) exclusivement, vivant une émancipation de l’intérieur, de l’âme de chaque individu.    

De plus, sur le plan sociétal, l’Etat islamique fut fondé sur le concept de la fraternité liant les Ansars aux Muhajiroun par un lien inébranlable. La stabilité et la tranquillité retrouvées permirent aux Musulmans de propager l’Islam et son système de justice et de gouvernance au-delà de l’Arabie.

Toutefois, le message principal du Hijrah demeure le fait que le Musulman est celui qui se démarque de toutes formes de kufr et de shirk pour le tawheed ou l’Islam parfaite, la piété et la sincérité. 

Sur le plan individuel, le Hijrah nous enseigne que le Musulman a le devoir d’inviter ses coreligionnaires à la pratique parfaite du deen et les non-Musulmans à l’Islam. Il  ne peut pas se contenter de vivre l’Islam comme une religion privée. Il est de son devoir de s’engager afin de faire prévaloir l’Islam comme une référence dans tous les aspects de sa vie.

Pour que cela soit réalisé, à l’exemple des Muhajiroun, il nous faut une décolonisation de la conscience, une transformation de notre mentalité de colonisés, rejetant l’Islam que nous imposent les sionistes avec leurs Accords d’Abraham. Il nous faut surveiller les tendances colonisatrices et leurs menaces. Il s’agit de comprendre que l’Islam est un message libérateur appelant à la résistance, la prise de position contre l’islamophobie.  

Et quiconque émigre dans le sentier d'Allah trouvera sur terre maints refuges et abondance. Et quiconque sort de sa maison, émigrant vers Allah et Son Messager, et que la mort atteint, sa récompense incombe à Allah. Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux  Surah An Nisaa (4) verset 100

Qu’Allah (swt) nous guide et nous aide. 

 

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